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trouva avec un petit enfant qui venait de naître, et qu’elle tâchait d’envelopper dans ses propres vêtements. Tous deux avaient remonté lentement la côte, chargés seulement du poids de leur petite fille qu’ils portaient avec amour, et qu’ils avaient, tout en riant, baptisée Valserine.

La mère Marienne n’était pas pressée de dire la suite, et il fallut que Valserine levât les yeux sur elle plusieurs fois avant qu’elle ne dise :

— Leur bonheur fut immense. Comme j’étais leur seule amie, je fus seule à le connaître. Mais le malheur veillait. Ta mère, qui avait pris froid pendant son accouchement, languit tout l’hiver, et mourut au printemps.

Dans le long silence qui s’établit ensuite, Valserine comprit qu’elle aimait maintenant sa mère autant que son père, et que jamais elle ne pourrait les séparer dans sa pensée. Elle n’arrivait pas à les voir sur le chemin de Mijoux, comme la mère Marienne les lui avait montrés. Et le ruisseau, La Valserine, ne lui laissait que le souvenir d’une eau claire dans laquelle elle avait trempé son mouchoir