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Il revint tous les jours auprès de la belle laveuse, jusqu’à ce qu’il eût obtenu qu’elle voulût bien devenir sa femme.

De ce jour rien ne put séparer les deux jeunes gens. Ni les remontrances du vieux contrebandier, qui ne voulait à aucun prix d’un fils de gendarme comme gendre ; ni la colère du gendarme qui refusait obstinément pour bru la fille d’un contrebandier. Ils se marièrent, sans bruit ni fête, et, rejetés de leurs familles, vinrent demeurer dans la maison qui était maintenant l’héritage de Valserine.

Le jeune mari s’était tout de suite fait bûcheron ; mais ce métier trop dur pour ses forces lui avait enlevé la santé. Alors, ne sachant à quoi s’employer pour gagner sa vie, il s’était décidé à faire aussi la contrebande : et sa femme n’avait pas tardé à l’aider de tout son pouvoir.

Et la mère Marienne mit dans sa voix beaucoup de chaleur et d’admiration en disant :

— Il fallait les voir descendre ensemble à Mijoux, lui chargé d’un panier plein de fruits de son jardin ou des produits de sa basse-cour,