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l’immobilité de la fillette, mais elle ne savait pas la gronder. Il lui arrivait même de s’asseoir auprès d’elle sur le seuil pour essayer de la distraire. Et selon que Valserine souriait ou restait grave, elle lui parlait comme à une petite fille ou comme à une femme.

La fillette n’avait plus peur de la mère Marienne ; elle ne reconnaissait pas dans cette vieille femme, attentive et dévouée, la créature farouche et violente qui l’avait si souvent effrayée, et dont elle s’était si longtemps méfiée.

Bernard aussi cherchait à distraire Valserine. Pendant ses heures libres, il l’entraînait en de longues courses dans la montagne. Et lorsque, trop lasse, elle refusait d’avancer, il ne craignait pas de la porter à dos comme une toute petite fille.

À la maison il ne parlait guère, mais tout le long du jour il chantonnait entre ses dents, et sifflait comme un oiseau des bois.

Depuis qu’il remplaçait son père auprès de sa grand’mère, il rapportait chaque semaine, de Saint-Claude, quelques douzaines de pipes sur lesquelles il taillait patiemment des figures.