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mais par cette nuit de juin les étoiles étaient si brillantes que leur clarté se répandait jusque sur la terre.

L’odeur d’une fumée de bois vert rappela tout à coup à Valserine que la mère Marienne habitait à peu de distance. Elle s’étonna de l’avoir oubliée, et aussitôt un désir violent lui vint d’aller lui parler de son père. Elle hésita cependant quelques minutes à cause de l’heure tardive, mais la pensée que Bernard était là l’enhardit, et malgré la fatigue qui lui alourdissait les jambes, elle dévala le sentier rocailleux. Aucun bruit ne s’élevait de la maison, mais la lueur qui en sortait par la porte ouverte s’étendait jusqu’à la paille étalée au delà du seuil.

Sans plus réfléchir, Valserine entra. La mère Marienne, debout et le dos tourné au foyer, tenait ses deux poings contre ses tempes. Elle les abaissa en reconnaissant la fillette, et elle lui dit, comme en colère :

— Les gendarmes sont passés par ici. Ils te cherchent.

Valserine ne sut pas démêler si c’était contre elle ou contre les gendarmes que la mère Ma-