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avait écrits « en bas du couloir ». C’était là qu’il s’était fait prendre.

Mais la fillette leva la main comme pour chasser ce souvenir. Son père avait fini sa prison. Et elle ne voulait penser qu’à son retour. Il ne pouvait tarder, sans doute ; mais comme elle était impatiente de le voir, elle décida d’aller au-devant de lui sur le chemin qui menait à Gex, où était la prison.

Et sur le vieux cahier, au cas où son père rentrerait par un autre chemin, elle écrivit très gros : « Attends-moi. »

Un bruit d’aile et deux petits coups frappés à la vitre la firent soudain se retourner. C’était la tourterelle qui arrivait du bois comme aux jours passés ; Valserine ouvrit la fenêtre, et l’oiseau se posa sur le rebord en saluant et roucoulant comme s’il avait mille et mille choses à dire. Mais quand la fillette tendit la main pour le caresser, il battit précipitamment des ailes, et s’envola au loin.

L’heure était peu avancée. Le versant d’en face était encore plein de brume. Cependant, à la couleur du ciel, on voyait que le soleil commençait d’éclairer les glaciers. En bas,