Page:Audoux - La Fiancee.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois, un mouvement comme les gens qui vont parler, mais toujours elle abaissait son visage, et paraissait très occupée à écouter les enfants.

Quand la voiture traversa le village de Lajoux, Valserine sentit en elle comme un bouillonnement.

Elle se mit à rire et à remuer les jambes. Elle avait envie de parler aussi. Elle voulait dire à Mme Rémy ce qu’elle avait entendu dans la diamanterie. Elle voulait lui demander depuis combien de jours son père était libre, et si sa blessure à la tête était guérie. Il lui semblait que tout cela serait facile à dire si les petits faisaient silence. Mais les petits ne faisaient pas silence, bien au contraire ; et devant l’air ennuyé de leur mère, la fillette sentait augmenter sa timidité.

Lorsque la voiture descendit la route très en pente qui va de Lajoux à Mijoux, l’agitation de Valserine ne connut plus de bornes. Au tournant d’un lacet, elle repoussa l’aîné des enfants qui s’appuyait sur elle, et cria d’une voix forte :

— Arrêtez ! On est arrivé !