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samedi nous arriverions peut-être à faire la robe de Mme Linella.

J’avançai la bouche en signe de doute. Je me sentais très lasse, et de plus je craignais de ne pas apporter une aide suffisante, car je prévoyais que la robe ne serait que dentelle et mousseline, et j’avais peu de capacité pour ce genre de travail.

Elle reprit comme si elle devinait ma pensée :

— Vous vous chargeriez de la jupe qui sera de drap souple, et je m’occuperai du corsage.

Je ne répondis pas encore. Je pensais à la robe rouge qui nous avait déjà fait veiller, et une colère pareille à celle de Bouledogue me venait contre cette cliente capricieuse.

Mme Dalignac reprit de nouveau :

— Ce serait la dernière nuit à passer.

Elle attendit avant de dire, comme pour elle seule :

— Comment ne pas la faire, maintenant que j’ai promis ?

Sa voix angoissée me fit oublier d’un seul coup toute ma rancune. Je compris qu’elle essayerait quand même de contenter sa cliente et que rien ne l’empêcherait de passer encore une nuit ; alors je promis de ne pas la laisser seule et de l’aider de tout mon courage.

La robe n’était pas encore coupée quand Mme Linella vint pour l’essayer, et elle dut attendre plus d’une heure.

Après son départ, tandis que les autres terminaient ce qui devait être livré le soir même,