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me ferez la jupe très collante et le corsage très flou, sans broderie, car je veux être la seule à n’en pas avoir sur le champ de courses.

Elle reprit haleine pour ajouter d’un ton sec :

— Et vous me la livrerez dimanche matin avant dix heures.

Mme Dalignac répondit sans la regarder :

— Vous demandez une chose impossible, nous n’avons plus le temps.

Les yeux de la cliente se durcirent comme si elle allait se fâcher :

— Par exemple ! fit-elle.

Elle se radoucit pourtant :

— Sans cette robe je ne pourrais pas aller à Longchamps.

Et elle continua d’insister sur l’extrême besoin qu’elle avait d’une robe non brodée pour ce jour spécial.

Mme Dalignac ne répondait plus ; elle se contentait de faire un continuel mouvement de refus avec sa tête. Alors Mme Linella se fit câline :

— Allons ! Vous veillerez un petit peu. Voilà tout !

Mme Dalignac eut un rire qui lui tira les coins de la bouche en bas. Elle leva le coude d’un air excédé, comme pour repousser la cliente, et au moment où l’on croyait qu’elle allait refuser encore, elle laisser retomber son bras et promit de faire la robe pour le dimanche matin.

Il y eut un murmure parmi nous, mais déjà