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tout au fond de l’atelier pour ne gêner personne. Il apportait comme un grand deuil dans la maison. Et Bergeounette ne chantait pas quand elle le savait là. Peu à peu cependant elle oublia sa présence et il lui arriva de chanter ce couplet :

    Quand je vis Madeline
    Pour la dernière fois,
    Ses mains sur sa poitrine
    Étaient posées en croix.
    Elle était toute blanche…

Elle s’arrêta net, parce que le patron la poussa du coude, mais Jacques s’en alla presque aussitôt et il ne revint plus.


Malgré toute notre activité nous n’arrivions pas à contenter les clientes. Mme  Dalignac recevait des lettres de reproches qui la mettaient au supplice, et l’obligeaient à des excuses sans fin. La fatigue des veillées ajoutée aux autres fatigues la laissait dans un état d’énervement maladif, qui la faisait sursauter violemment, chaque fois qu’on sonnait à la porte.

Un matin, en revenant d’ouvrir, Duretour annonça :

— C’est un monsieur.

Mme  Dalignac devint toute pâle, et sa voix eut beaucoup de peine à sortir, lorsqu’elle dit :

— Qu’est-ce qu’il peut bien me vouloir, ce monsieur ?

Elle était troublée au point que tout son corps