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ment sur leur petit seau en chantant sur un air de cloche :

— L’enterrement, l’enterrement.

Le jour était plein de soleil. Les bruits montaient clairs et précis dans l’air très doux et les marronniers tout fleuris de blanc s’alignaient le long de notre chemin.

En entrant dans le cimetière, la sauterelle avança encore plus vite. Ses roues firent un bruit criard sur l’épaisse couche de gravier, et la couronne accrochée à l’arrière se balança fortement.

Le cimetière aussi était tout fleuri, et les tombes paraissaient plus blanches sous le soleil.

Bergeounette, qui lisait les poteaux indicateurs, me nommait les allées de traverse que l’on dépassait :

— Allée des Morts… Allée des Cyprès… Allée des Tombes.

Et chaque fois les paroles sortaient de sa bouche, comme si elle les rejetait avec dégoût. Mais lorsque le corbillard tourna entre deux rangées d’arbres qui s’élevaient droits et fins comme des colonnes lisses, elle dit tout haut avec un air de triomphe :

— Allée des Érables blancs.

La sauterelle s’arrêta près d’une longue tranchée où des cercueils se rangeaient côte à côte, et notre groupe se resserra pour dire adieu à Sandrine.

Bouledogue avait son visage des mauvais jours.