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Une fois seulement elle parla ainsi de la fatigue de ses nuits :

— C’est drôle… Depuis que j’ai ce rhume, je ne peux plus m’étendre dans mon lit, et il me faut être à moitié assise pour pouvoir dormir un peu.

Un matin, je la surpris dans l’escalier alors qu’elle se croyait seule. Elle montait avec lenteur, en tenant le buste raide et la bouche fermée. Mais l’air qu’elle rejetait par le nez faisait un bruit fort comme celui d’un soufflet.

Mme  Dalignac l’envoya chez son médecin, qui conseilla un long repos et une bonne nourriture. Sandrine riait de tout son cœur en rapportant les paroles du médecin :

— Du repos…, disait-elle. Où diable veut-il que je prenne cela ? Je ne connais pas de marchand qui en vende.

Mme  Doublé, qui se trouvait là, lui lança un regard plein de malveillance. Elle parla longuement des rhumes qui tournaient en maladie contagieuse et dit qu’elle ne supporterait pas une ouvrière tuberculeuse dans son atelier.

Je levai les yeux sur Sandrine. Elle gardait son air tranquille et un peu enfantin, et, lorsque Mme  Doublé fut sortie, elle dit en riant :

— Ses ouvrières feront bien de ne pas s’enrhumer.


Le mois d’avril ramena le travail pressé.

Les mains de Bouledogue avaient retrouvé toute