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qu’elle jeta au pied du lit, resta gonflée par le fond.

Chaque jour je retournai chez Sandrine. J’y arrivais parfois très tôt, mais toujours je la trouvais assise avec son ouvrage éparpillé sur les couvertures. Sa mante qu’elle gardait aux épaules lui couvrait la taille et s’étalait autour d’elle. Et tout son corps posé de travers se tendait vers la fenêtre en tabatière.

Elle ne montrait aucune mauvaise humeur du temps sombre. Elle disait seulement :

— Si jamais je deviens riche, je me ferai bâtir une maison où les murs seront tout en fenêtres.

Il y avait des jours où la pluie coulait si épaisse sur la vitre en pente qu’elle faisait comme un rideau qui empêchait le jour d’entrer. D’autres fois c’était le vent qui secouait le châssis comme s’il voulait l’arracher pour l’emporter au loin. Et lorsque le vent et la pluie se mêlaient, un froid humide entrait dans la chambre et pénétrait jusque dans le lit de Sandrine.

Elle resserrait son vêtement et ramenait les pieds sous elle, mais une fatigue l’obligeait vite à étendre les jambes. Alors elle disait avec un peu de regret :

— Quand le repos vient, la chaleur s’en va.

Le froid me faisait souffrir aussi et j’aurais bien voulu allumer du feu, mais il n’y avait ni poêle ni cheminée dans la chambre.

Cette chambre était si petite que le lit en prenait toute la longueur d’un côté. L’autre côté se