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— Lorsque grand’mère ne mangeait pas à sa faim pour me permettre d’apprendre un joli métier, elle ne se doutait pas qu’il me faudrait aller quand même à l’usine.

Sandrine fut la seule qui resta. Mme  Dalignac partageait avec elle le peu d’ouvrage qu’apportaient les clientes.

Je partis à mon tour et, dès le lendemain, j’entrais chez un fourreur qui demandait des ouvrières pour un coup de main.

Le prix qu’on m’offrait était de beaucoup plus élevé que chez Mme  Dalignac, aussi j’apportai toute mon attention à ce nouveau travail.

Mes doigts eurent peu de peine à manier l’aiguille carrelée, mais j’éprouvai tout de suite une grande difficulté à respirer. Des milliers et des milliers de poils fins s’échappaient des fourrures et s’envolaient dans l’air de la pièce.

Un chatouillement insupportable me prit à la gorge, et je toussais sans arrêt.

Les autres me conseillaient de boire des grands verres d’eau. Mais la toux recommençait une minute après. Au bout de quelques heures, je fus prise d’un violent saignement de nez. Et le soir même, le patron me mit à la porte :

— Allez-vous en… Vous n’êtes bonne à rien ici.

La crainte d’un long chômage me fit chercher un nouvel emploi.

Je le trouvai dans une maison de stoppage où je m’appliquai de toute ma volonté. Mais là aussi je trouvais un grave inconvénient. Devant la bou-