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ne connaissait la cause de son absence, elle parla d’envoyer quelqu’un chez elle, craignant qu’elle ne fût malade.

La grande Bergeounette posait déjà son tablier ; mais le patron lui appuya fortement sur l’épaule pour la faire tenir tranquille.

— Cette Bergeounette ! disait-il. Elle a toujours un pied en l’air pour courir dehors.

Il croyait, lui, que Sandrine était seulement en retard, et qu’elle allait arriver d’un instant à l’autre.

La crainte que Sandrine ne fût malade me vint à moi aussi. Depuis deux jours elle avait un gros rhume, et la veille au soir en rentrant sous la pluie, elle avait eu beaucoup de peine à remonter l’avenue avec son paquet d’ouvrage, qui n’était cependant pas lourd.

Je voulais dire cela à Mme Dalignac, mais la petite Duretour racontait qu’elle avait failli manquer aussi, parce que son fiancé avait voulu la quitter.

Sa voix était pleine de rire, et le patron eut une moquerie apitoyée en forçant son accent :

— Au moinss, pôvre petite ! vous l’avez retenu, cet homme ?

— Il est aussi entêté que moi, disait Duretour. Il voulait se promener sur l’avenue du Maine, et moi je voulais aller sur le boulevard Montparnasse. Alors il s’est fâché. Il a retiré son bras de ma taille et il s’en est allé à grandes enjambées.