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— Allez vite habiller votre jeune mariée.

Tout le jour Sandrine pleura. Elle poussait des cris comme un petit enfant, et sa peine nous paraissait si grande que nous ne trouvions rien à lui dire.

Elle s’arrêtait pour répéter d’un ton plein d’angoisse :

— Pourquoi ? mais, pourquoi ?

Justement, la veille, Jacques avait passé quelques instants dans la petite chambre, et il était parti en emportant une photographie des enfants.

Et le front de Sandrine se plissait, et son regard semblait se retourner en dedans comme pour fouiller sa mémoire :

— Pourquoi ? mais, pourquoi ?

Elle finit par s’endormir contre le mur et le bruit des tabourets ne la réveilla pas, à la sortie des ouvrières.

Je restai pour attendre son réveil afin de l’accompagner chez elle. De son côté, Mme  Dalignac parlait de tirer le lit-cage de son coin, pour l’étendre dans l’atelier.

Sandrine se réveilla au bruit que fit la sonnette de la porte.

C’était Jacques qui venait aux nouvelles. Il était comme apeuré, et il n’avait ni chapeau, ni pardessus, malgré le temps humide et froid.

Sandrine trembla de tout son corps en le voyant, et lui, en s’avançant, semblait implorer sa pitié :

— Ma Sandrine !