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révoltées de Duretour. Elle suivait attentivement les gestes de Mme  Dalignac et, quand elle eut elle-même arrondi certain pli sous la bande de toile, elle partit toute légère et pleine d’assurance.


L’activité se relâchait toujours un peu lorsqu’une commande importante était finie. Bouledogue prenait son temps. Le patron se croisait les bras, et Bergeounette regardait plus qu’il ne fallait à travers la vitre.

Bergeounette était la plus ancienne après Sandrine. Elle avait pris sa place devant la fenêtre et n’avait jamais voulu la céder à personne.

Le patron affirmait qu’elle faisait des signes à un manchot qui passait sur le trottoir d’en face, mais Mme  Dalignac disait que cela ne l’empêchait pas de coudre très vite et très bien.

Personne ne savait le véritable nom de Bergeounette et personne ne s’en inquiétait.

Le premier jour de son entrée à l’atelier, elle avait refusé de faire le travail à la manière de la maison, prétendant que sa manière à elle était aussi bonne. Le patron qui n’aimait pas à être contredit s’était emporté en lui criant qu’elle était aussi entêtée qu’une Bretonne.

Aussitôt elle s’était redressée pour répondre avec fierté :

— J’en suis une. Je suis une véritable Barzounette.

Le patron s’était moqué :