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Je ne demandais pas mieux que de l’accompagner, mais pour cela il nous fallait assurer le travail des ouvrières pendant notre absence, et nous avions déjà tant à faire au cours de la journée qu’il nous était impossible de faire plus.

Clément qui ne s’embarrassait d’aucune difficulté nous conseilla de veiller un peu et de partir le lendemain matin avant l’arrivée des ouvrières. C’était en effet le seul moyen qui pouvait nous permettre de nous absenter ensemble, et Mme Dalignac décida de l’employer le soir même. Cette fois encore elle ne comptait que sur son courage, mais comme elle était à bout de forces, elle dut renoncer à la veillée dès le début.

Il n’en était pas de même pour moi. Trois jours seulement me séparaient de mon mariage. J’étais dans un état fébrile qui m’empêchait de sentir la fatigue, et la nuit passa sans que je me fusse aperçue de la longueur du temps.

Vers cinq heures du matin, alors que je finissais de préparer l’ouvrage, un bruit de sabots que l’on traîne en marchant monta de l’avenue. Un deuxième suivit, puis d’autres encore, et bientôt des chocs de roues cognant durement contre les pavés se mêlèrent aux chocs des sabots.

Je ne me souvenais pas d’avoir jamais entendu ce bruit et j’ouvris la fenêtre pour regarder en bas.

C’étaient les balayeurs de la ville qui sortaient d’une baraque proche où ils venaient de prendre leurs instruments de nettoyage. Les hommes