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jamais m’épouser, mais je sais bien aussi que rien ne pourra nous séparer.

C’était à elle que je devais mon entrée chez Mme Dalignac. Le hasard nous avait réunies un dimanche sur un banc du boulevard. Nous avions parlé de la couture, et elle m’avait proposé la place de mécanicienne qui était libre dans son atelier.

Moi aussi je l’avais prise en amitié tout de suite. J’ignorais si elle se sentait elle-même attirée vers moi ; car elle paraissait indifférente à tout ce qui n’était pas son Jacques ou ses enfants. Mais lorsqu’elle levait les yeux sur moi, elle avait toujours l’air de m’offrir quelque chose.


Au jour fixé pour le mariage de la jeune cliente, Sandrine mit la robe dans le carton, afin d’aller habiller elle-même la mariée et s’assurer qu’aucun point n’avait été oublié. Elle aimait faire ce travail et Mme Dalignac savait bien qu’elle s’en acquittait parfaitement. Aussi, elle lui indiqua seulement la manière de disposer le voile à la nouvelle mode. Il fallait surtout que la couronne de fleurs d’oranger retînt très en arrière les plis de tulle.

— Tenez, comme ceci.

Et Mme Dalignac drapait une mousseline raide sur les cheveux de Duretour, et elle ramassait au hasard une bande de toile, qu’elle lui enroulait au front, en guise de couronne.

Sandrine ne riait pas comme nous des mines