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Clément, qui les lisait attentivement, s’en épouvantait et demandait conseil à Mme Doublé. Mais Mme Doublé ne donnait pas de conseils ; elle se contentait de faire des reproches à sa belle-sœur et de renouveler ses offres.

Un dimanche matin elle entra chez nous, la face hardie et la voix résolue, en disant :

— Il faut pourtant nous entendre pour cette association.

Et tout de suite elle montra un carré de carton blanc où elle avait écrit en lettres noires : Doublé-Dalignac sœurs.

L’expression de lassitude qui s’étendit sur le visage de Mme Dalignac fut si vive que Mme Doublé perdit un peu de son arrogance et dit d’une voix moins rude :

— Je payerai vos dettes et nous rendrons les machines à ce Juif.

Mme Dalignac resta silencieuse. Ainsi que cela lui arrivait toujours dans les grandes émotions, elle semblait avoir perdu l’usage de la parole.

— C’est dans votre intérêt, reprit Mme Doublé.

Et sans perdre une minute elle exposa son projet de diviser les pièces du logis :

— La coupe restera ici, mais l’atelier deviendra un salon d’essayage, où je placerai une porte qui fera communiquer mon appartement avec le vôtre.

Elle se leva pour mieux indiquer l’endroit choisi. Et, avec une craie rouge, elle traça sur le mur la forme d’une grande ouverture.