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Doublé-Dalignac. Ce voisinage lui permettait des visites répétées.

Comme toujours, elle en profitait pour critiquer ce qui se faisait chez nous, et quand elle ne trouvait rien à dire sur le travail, elle s’en prenait directement à Mme Dalignac. Elle la rendait responsable de la perte de ses clientes qui s’éloignaient une à une, faute de trouver chez elle les modèles variés d’autrefois. Et un jour qu’elle était plus hargneuse encore que de coutume, elle reprocha à Mme Dalignac son manque de coquetterie et lui fit honte de ses sarrauts usés.

— J’en achèterai d’autres, dit tranquillement Mme Dalignac.

Hors d’elle-même, Mme Doublé cria :

— Avec quoi ? grand Dieu ! avec quoi ?

Et Mme Dalignac, l’air absent, répondit :

— Mais, avec de l’argent.

Mme Doublé sortit comme une folle en laissant la porte ouverte derrière elle.


Gabielle restait quand même la plus habile. Elle avait une manière de faire que les autres imitaient sans parvenir à l’égaler.

Elle était revenue à sa machine à peine convalescente ; mais depuis longtemps déjà elle avait repris ses belles joues rondes et sa gaîté. On remarquait seulement que son corsage restait solidement agrafé et que sa taille était fortement serrée dans une ceinture de cuir.

Jacques espérait toujours la voir devenir sa