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la maison Quibu et donnaient le conseil de lui tenir tête, tandis que les timides parlaient seulement d’être fermes avec les ouvrières.

Une petite à l’air doux, qui faisait des modèles en séries et dont les prix ne variaient guère, dit à son tour :

— Autrefois, je me contentais de prélever cinquante centimes par vêtement sur mes ouvrières, mais depuis que j’ai un enfant je prélève le double, et mon travail se fait tout de même.

Et comme Mme  Dalignac lui demandait si ses ouvrières gagnaient leur vie, elle répondit :

— Bien sûr que non ; mais, moi, il faut que je gagne la mienne.

Toutes ne pensaient pas ainsi ; mais toutes s’étonnaient que Mme  Dalignac ne fût pas une grande couturière au lieu d’une entrepreneuse pour beaux modèles.

Clément, aussi, s’étonnait de voir sa tante continuer ce métier. Aussitôt rentré du service militaire, il s’était intéressé aux affaires de l’atelier, et Mme  Dalignac avait espéré lui voir prendre la place du patron ; mais, au premier mot à ce sujet, Clément avait secoué la tête :

— Non, je veux être le maître dans ma maison.

Et quelques jours après il était entré comme ouvrier chez un tapissier des grands boulevards. Le dimanche matin, tandis que nous faisions propre l’atelier, il mettait de l’ordre dans les livres. Il le faisait vite et bien mieux que nous, et quand il