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route et précédée d’un jardin tout rempli de rosiers roses.

Deux jeunes filles blondes y cousaient à l’ombre d’une treille formant berceau. Elles levèrent la tête à notre approche et leurs mains cessèrent de coudre.

Mlle Herminie toucha le loquet de la barrière comme si elle voulait entrer dans le jardin, mais elle n’en fit rien, elle dit seulement de sa voix ordinaire :

— Rien n’est changé.

Elle baissa un peu le ton pour ajouter :

— La plus blonde, vous voyez ? celle qui est plus mince, c’est moi.

Oui, c’était bien ainsi qu’avait dû être Mme Herminie. Pendant une seconde je crus la voir à vingt ans et je ne pus m’empêcher de sourire à la jeune fille qui nous regarda partir en souriant aussi.

Nous revenions vers la ville, et déjà la rivière s’assombrissait sous le pont qui reliait ses deux rives, lorsque Mme Herminie tourna brusquement dans une venelle, afin de revenir par un détour derrière la maison aux rosiers roses.

De ce côté la maison paraissait beaucoup moins grande. Une treille la couvrait sur toute sa largeur et ne laissait de libre qu’une porte noire et deux fenêtres arrondies par le haut. Les rayons du couchant n’en éclairaient plus que le toit et faisaient paraître roses les cheminées blanches.

Le potager s’étendait jusqu’à nous. C’était un