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— Je suis allée à l’église, et j’ai longtemps prié pour son bonheur.

Et ainsi, nos dimanches se suivaient, tout remplis de grand air et de douces paroles. Et tandis que j’écoutais parler Mlle  Herminie, il me semblait recevoir d’elle le précieux cadeau d’une très longue vie, toute faite d’amour et de courage, de misère et de regrets.

Le beau temps ne nous favorisait pas toujours. Les routes se transformaient parfois en bourbiers et les chemins fleuris en fondrières, mais nous ne faisions qu’en rire, tant notre joie était grande d’être dehors. Souvent, même après la nuit tombée, nous nous attardions à écouter le chant si pur des crapauds dans les fossés. La fraîcheur de la terre nous pénétrait, et la lune nous glaçait comme un linge mouillé. Par les chaudes soirées de juillet nous laissions passer les trains de retour sans pouvoir nous décider à rentrer. Il nous fallait bien pourtant prendre le dernier, un train bondé et bruyant, lancé vers la ville dont l’éclairage à l’arrivée nous surprenait et nous éblouissait.

Quant à la Bourgogne, nous nous contentions de faire des projets pour y aller. Ce n’était pas faute d’en parler à l’atelier cependant. Tout en racontant par le menu nos sorties du dimanche, la vieille femme ne cessait de déplorer que son pays ne fût pas aux environs de Paris.

Mme  Dalignac, qui compatissait à tous les ennuis des autres malgré son propre chagrin, finit par me dire :