Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Elle a besoin de gagner sa vie comme nous.

Mme Doublé se moqua. Elle avait l’air de chantonner quand elle dit en tapant sur l’épaule de son frère :

— Eh ! oui, pauvre Baptiste ! mais moi, j’aime mieux que l’argent soit dans ma poche que dans celle des autres.

Bouledogue et Sandrine baissaient la tête et cousaient plus vite. La petite Duretour était devenue sérieuse et je ressentais moi-même un malaise, qui me faisait désirer fortement le départ de Mme Doublé. Seule, la grande Bergeounette paraissait ne rien redouter et continuait à s’intéresser aux maçons d’en face, qui menaient grand bruit en quittant le chantier.

Le patron cherchait à parler d’autre chose, mais sa sœur revenait toujours au même sujet. Elle trouvait que Mme Dalignac manquait de fermeté avec ses clientes et de sévérité avec ses ouvrières. Elle demandait des détails précis sur le travail et trouvait à redire à tout.

Le patron finit par montrer de l’agacement :

— Ma femme n’est pas un gendarme comme toi, dit-il.

Et Mme Doublé, qui avait le même accent que son frère, répondit :

— Eh bé… Tant pis, donc.

Et elle se campa debout en regardant tout le monde avec insolence.

— Il est sept heures, Bouledogue… dit tout à coup Mme Dalignac.