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et Duretour, qui surveillait les fioles à médicaments, courait chez le pharmacien dès que cela était nécessaire.

Le patron se montrait heureux de nous voir si attentionnées. Il se fâcha pourtant, lorsqu’il vit Bergeounette grimper sur l’appui de la fenêtre pour nettoyer plus facilement les vitres :

— Eh ! n’allez pas vous casser les pattes, espèce de grande sauterelle.

Et il ajouta en la forçant à descendre :

— Pour ce qui me reste de temps à les voir, vos vitres.

Il aimait le bruit de l’atelier, et pour n’en rien perdre, il m’obligeait à laisser toutes les portes ouvertes.

Quelques ouvrières seulement étaient là. Et seule la machine de Bouledogue faisait entendre le claquement de sa pédale. Dès qu’elle s’arrêtait, le patron s’inquiétait, mais lorsque Bergeounette chantait, il s’asseyait sur le lit et se retenait de tousser. Un autre bruit, qui revenait par intervalle, retenait toute son attention. C’était un bruit dur, tenace et appuyé :

Crrran, crrran, crrran. On eût dit une forte mâchoire en train de broyer de la chair et des os. Ce n’était que les grands ciseaux de Mme Dalignac qui accomplissaient régulièrement leur besogne.

De longues journées chaudes passèrent sans apporter le soulagement que M. Bon en attendait.

Le patron se moquait de lui par derrière :