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XV

Maintenant le patron restait au lit avec la fièvre. Son état s’était aggravé à la suite d’une grosse pluie d’orage que nous n’avions pas su éviter, et qui nous avait retenus trop longtemps sous un arbre du Luxembourg.

M. Bon s’alarmait de cette fièvre qui ne diminuait pas malgré les soins et les médicaments. Par contre Mme Dalignac n’en prenait aucun souci et continuait à croire à la guérison très prochaine de son mari. Aux ouvrières qui la questionnaient et à Bergeounette qui n’osait plus chanter, elle disait :

— Je l’ai vu bien plus malade que cela.

Églantine, qui était allée chez M. Bon en secret, redoutait tout de ce refroidissement. Elle s’épouvantait aussi de voir Mme Dalignac si tranquille. Rapidement, entre deux portes, elle m’avait dit :

— Ma tante n’entend rien aux maladies. Elle n’a jamais eu un rhume ni une heure de fièvre ; et, si mon oncle vient à mourir, elle en sera frappée comme d’un malheur inattendu.

Je voyais bien qu’Églantine avait raison, mais pas plus qu’elle je ne pouvais faire comprendre