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Gabielle répondait avec un air de chien perdu :

— Je ne sais pas.

Puis comme le patron commençait de blaguer aussi, elle se mit à pleurer.

Le doux visage de Mme  Dalignac devint plein de pitié :

— Cessez de la tourmenter, dit-elle. Vous voyez bien qu’elle ne sait rien.

Elle ajouta en posant une main sur le front lisse de Gabielle :

— La vérité se fera jour d’elle-même.


La vérité se fit jour dès le lendemain. Gabielle, qui avait pris le temps d’élargir la ceinture de sa jupe, arriva en retard contre son habitude et il lui fallut déranger deux de ses compagnes pour gagner sa place. Ses paupières gonflées et sa façon de passer entre les machines avec la crainte de s’y heurter apprirent vite à chacune que M. Bon ne s’était pas trompé. Il y eut des exclamations et des rires parmi les nouvelles, et dans le coin des anciennes, Bouledogue écoutait attentivement ce que lui chuchotait Bergeounette.

À la fin de la journée Bouledogue s’attarda pour rappeler à Gabielle son absence de tout un jour à la suite du dimanche de bal.

Gabielle ne semblait pas l’avoir oubliée ; car aux premiers mots elle devint très rouge et dit :

— Oui, je suis sûre que mon malheur vient de là.

Et elle nous apprit ce qu’elle n’avait pas osé