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— Paris n’est pas bon pour vous, lui disait de son côlé Mme  Dalignac.

Et elle l’engageait vivement à retourner dans son pays. Le patron bougonnait :

— Si elle s’en va, tu perdras ta meilleure mécanicienne.

Gabielle reconnaissait que Paris n’était pas bon pour elle. De plus, elle avouait qu’il lui faisait peur, mais elle était bien décidée à y rester une année encore. Elle comptait y travailler dur, afin d’amasser un petit pécule qui prouverait à ses parents qu’elle était capable de vivre sans leur secours et assez raisonnable pour se marier à son goût. Cependant, comme son état ne s’améliorait pas, Mme  Dalignac s’inquiéta de ses traits tirés et l’obligea de consulter M. Bon, le jour où il vint faire sa visite au patron. Tandis qu’elle quittait sa machine pour venir à lui, M. Bon la regarda des pieds à la tête. Il ne lui fit pas de questions, mais il défit adroitement les boutons qui fermaient mal le corsage et il toucha l’un après l’autre les seins qu’on devinait très pleins et qui restaient très hauts, sous la chemise.

Il eut un sourire en refermant le corsage, puis il regarda Gabielle bien en face pour lui dire :

— Le mal n’est pas grand, quand une belle fille comme vous met un enfant au monde.

Il s’informa seulement de son âge et la renvoya d’un ton amical :

— Allez, belle jeunesse.

Et comme Mme  Dalignac attendait avec ses