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sa femme, et comme au jour où il était venu seul, je demeurai longtemps penchée sur la rampe de l’escalier.

Je retrouvai Mlle  Herminie le front collé à la vitre. Elle gardait les yeux fermés, et ses mains se joignaient sous son menton.

Je restais silencieuse à côté d’elle. Devant nous les toits commençaient à retenir la neige. Les poteries déteintes des cheminées s’alignaient et semblaient se presser les unes contre les autres pour se garantir du froid. Parmi elles les longues cheminées de tôle se dressaient sous le capuchon de leurs girouettes, et tournaient obstinément vers nous l’entrée de leur gouffre noir.

Mlle  Herminie revint à son fauteuil, et moi au petit banc qui me rapprochait d’elle ; cependant le reste de la soirée nous trouva souvent en désaccord. Et à l’heure du coucher, la pauvre vieille me dit tout attristée :

— Mes étrennes sont belles, mais je ne sais s’il faut m’en réjouir ou pleurer.

Cette nuit-là, je rêvai que Clément m’avait fait monter sur le siège d’une toute petite charrette, où il n’y avait de place que pour un seul. J’étais si serrée entre lui et la ridelle que j’en perdais le souffle. Clément ne se doutait de rien. Il tenait les guides à pleines mains et lançait hardiment le cheval sur un chemin tout encombré de bois coupé. La voiture restait d’aplomb et la bête bien tenue ne trébuchait pas, mais voilà qu’au tournant d’un petit pont, le chemin se fermait brus-