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Elle laissa partir son joli rire vers le patron qui arrivait à son tour, et lui dit :

— Tu vois ! Clément n’a pas menti.

Le premier sourire du patron avait été pour sa femme, mais dans celui qu’il m’adressa ensuite il y avait un réel contentement.

Clément entra aussi avec un visage content.

Il se dandinait un peu dans son bel habit militaire, mais ses gestes étaient bien mesurés, et son regard se posa sur moi avec un grand calme.

Mme  Dalignac expliqua tout en faisant asseoir son mari :

— C’est ce matin que Clément nous a parlé de vous.

Elle ajouta comme si elle s’excusait d’être venue :

— C’était trop grave, je ne pouvais pas attendre jusqu’à demain votre réponse.

Clément ne resta pas longtemps sans rien dire. Il fut même presque le seul à se faire entendre pendant le temps qui suivit. Il exposa lentement et nettement ses projets d’installation et de travail, et, à la façon dont il parla de notre futur ménage, je compris qu’il y avait longuement réfléchi.

Je suivais ses paroles sans en laisser perdre une seule. De temps en temps mon regard rencontrait le sien, mais la confiance en soi-même que j’y retrouvais chaque fois, m’obligeait à rechercher celui de Mme  Dalignac qui restait un peu suppliant et plein d’espoir.