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pour prendre le manche à balai. « Ha ! tu ne m’aimais pas… Méchant homme. » Et au souvenir de son père prenant la fuite, Gabielle riait, en ouvrant la bouche si grande qu’on apercevait le fond de sa gorge toute semblable à une fleur rose.

Elle aussi avait l’amour de la danse. En entendant parler d’un bal où Boudelogue se promettait de danser tout une après-midi, elle devint remuante au point de ne pouvoir tenir en place. Dans son pays elle allait au bal chaque dimanche et jamais ses parents n’y avaient trouvé à redire. Sa mère l’y accompagnait même de temps en temps, rien que pour le plaisir de la voir sauter. Bouledogue n’y voyait pas de mal non plus, et elle ne fit aucune difficulté pour l’emmener au bal Bullier le dimanche suivant.

À l’encontre de Bouledogue qui ne manquait jamais l’atelier, même lorsqu’elle avait dansé toute une nuit, Gabielle ne vint pas travailler le lendemain. Elle s’embrouilla un peu pour en donner la raison, et le regard que Bouledogue attacha sur elle la fit rougir et lancer sa machine à toute volée.

On sut qu’à ce bal tout avait bien marché au début. Tandis que les deux cousines tournaient avec entrain, Gabielle rieuse et tout à la joie passait sans crainte d’un danseur à l’autre. Mais à l’heure du départ, elle avait nettement refusé de suivre Bouledogue disant qu’elle saurait bien rentrer seule.