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Mme Doublé arriva comme d’habitude vers la fin de septembre. Elle était rouge en entrant et ses yeux noirs étaient tout brillants de colère.

Elle venait de rencontrer Duretour en bas qui lui avait appris sans politesse que nous ne ferions plus de robes à façon.

En la voyant Mme Dalignac eut une petite barre au-dessus des sourcils. Cependant elle lui fit bon accueil et lui parla avec sa douceur ordinaire.

Mme Doublé avait un tremblement dans la voix et ses yeux se déplaçaient comme s’ils étaient à la poursuite d’une chose qui fuyait pour leur échapper.

Elle fit brusquement un pas qui la lança beaucoup trop près de sa belle-sœur, et sa voix tremblante demanda :

— Eh bé ! Et moi ?

Mme Dalignac recula un peu. Son visage prit l’air de souffrance qu’il avait toujours lorsqu’elle cédait aux autres, et elle répondit :

— Je tâcherai de vous faire des modèles.

Et lorsque Mme Doublé fut partie, elle resta longtemps appuyée sur la table pendant que sa main traçait machinalement des lignes et des carrés avec la craie savonneuse.

Le patron ne savait rien de la transformation de l’atelier. Sa femme comptait l’en avertir plus tard pour ne pas troubler son repos ; mais, peu de