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XI

Au lieu de la réponse que j’attendais de Mme  Dalignac, ce fut elle-même qui arriva. Son visage avait toujours son air de grande bonté mais son front semblait lourd et plein de pensées sombres.

Elle comptait laisser son mari dans les Pyrénées jusqu’à sa guérison, mais pour cela il fallait de l’argent, et elle revenait pour en gagner.

On eût dit que c’était elle qui venait emprunter la machine à coudre. Elle joignait les pieds et rentrait les coudes comme si elle craignait de prendre trop de place, et il y eut une grande timidité dans sa voix lorsqu’elle me dit :

— Vous pourrez vous installer dans l’atelier, et si vous le voulez bien, je travaillerai avec vous en attendant les commandes de mes clientes.

Dès le lendemain nous étions à l’ouvrage. Mme  Dalignac n’avait aucune idée du travail de confection à bon marché, et son étonnement fut grand de me voir coudre une petite robe entièrement à la machine sans bâtis ni préparation d’aucune sorte, mais son étonnement devint presque de l’épouvante quand elle vit que le gain