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d’autres paraissaient enchantées de ce qu’elle leur proposait.

Je la vis venir à moi avec un peu de crainte.

Je pensais aux regards de celles qui ne s’étaient pas laissées approcher, et j’eus envie de me mettre à courir pour lui échapper.

Elle me dit d’un ton aimable :

— Ma patronne a de l’ouvrage pour toutes les jeunes filles. Elle n’est pas exigeante et paye très bien.

Je me sentis rassurée, mais je me souvins des mains rugueuses de Bouledogue, et je demandai :

— Est-ce que c’est un travail qui abîme les doigts ?

Le rire qu’elle fit entendre me choqua et j’expliquai tout intimidée.

— Je suis couturière et je ne veux pas entrer dans une fabrique.

— Cela tombe bien, dit-elle, ma patronne a justement besoin d’une ouvrière couturière.

Les fossettes de ses joues se creusaient comme si elle retenait une nouvelle envie de rire. Cependant elle redevint sérieuse en tirant de sa poche une carte de visite. Mais avant de me la remettre elle demanda précipitamment, comme si elle avait oublié de poser plus tôt la question :

— Vous n’êtes pas mariée, au moins ?

Le regard aigu qu’elle attachait sur moi ramena toutes mes craintes et je répondis :

— Si…

Elle insista :