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donnait une inquiétude constante, et pour ne pas me laisser prendre par l’ennui, je décidai de chercher du travail en attendant le retour de Mme Dalignac.

Chaque matin j’allais aux endroits où je savais trouver des affiches. Je rencontrais là des jeunes filles qui avaient comme moi des joues creuses et des vêtements usagés. Il y venait aussi des jeunes femmes avec des enfants sur leurs bras. Les petits griffaient les papiers sales et en mettaient des morceaux dans leur bouche.

Parfois un gamin de treize à quatorze ans s’arrêtait en passant. Il souriait aux jeunes mères et regardait les jeunes filles avec audace, puis, il se haussait pour écrire au crayon bleu sur la partie blanche des affiches, et il repartait les mains dans ses poches en sifflant et traînant les pieds sur le trottoir. Et derrière lui on pouvait lire :

On demande
Une bonne ouvrière pour le costume d’Adam.

Les jeunes mamans riaient à grand bruit et s’en allaient en faisant sauter leurs poupons au bout de leur bras.

Aux affiches de la porte Saint-Denis, je retrouvai la jolie femme de chambre avec son bonnet et son tablier blanc. Elle guettait les ouvrières et leur parlait comme si elle avait des places à leur offrir. Quelques-unes la regardaient avec méfiance et s’éloignaient sans vouloir l’entendre, tandis que