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De tout côté des fusées s’élançaient et s’épanouissaient sous les étoiles pendant que des feux de bengale s’allumaient et fumaient dans les coins sombres.

Puis la musique d’un bal en plein vent se fit entendre. Les sons se heurtaient aux maisons et nous arrivaient à moitié cassés. Et de temps en temps, un drapeau qu’on ne voyait pas claquait brusquement.

Nous nous taisions. L’air frais qui venait du couchant nous touchait au visage et nous apportait comme un apaisement. Et longtemps, très longtemps dans la nuit de fête, ma vieille voisine resta près de moi à écouter le bruit que faisait la joie des autres.


La première semaine de vacances nous parut douce. C’était comme si chaque jour eût encore été un dimanche. Mademoiselle Herminie trouvait que nous n’avions pas trop de temps pour ne rien faire, et elle ne se plaignait plus de son estomac.

Elle voulut m’emmener promener, mais elle n’avait pas plus que moi l’habitude de la promenade.

Nous nous hâtions comme pour nous rendre à notre travail, et nous rentrions lasses et ennuyées de l’encombrement des rues. Aussi, après quelques jours, lorsque l’une demandait : « Sortons-nous aujourd’hui ? » l’autre répondait :

— On est bien ici.