Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’avançait large et rond comme un énorme ventre, et Bouledogue affirmait qu’il était deux fois grand comme la chambre qu’elle habitait avec sa grand’mère.

Le patron disait à sa femme :

— Vois-tu ! s’il était à nous, tu m’y ferais une tente avec un drap et je resterais tout le jour couché sur la pierre chaude.

— Mais, puisque nous allons dans les Pyrénées, répondait Mme Dalignac.

Et le patron grommelait en faisant la grimace :

— Dans les Pyrénées… dans les Pyrénées…


Dès la deuxième semaine de juillet l’ouvrage manqua tout à fait.

Jamais la morte-saison n’avait commencé si tôt. Ce fut parmi nous comme un désastre. Bergeounette se déplaçait avec des mouvements désordonnés et Bouledogue, qui oubliait de montrer ses dents, roula son tablier dans un journal avec un air de profond découragement.

Malgré ses ennuis de toutes sortes, Mme Dalignac ne voulut pas partir sans donner la petite fête qui réunissait tous les ans sa famille et les ouvrières. Et, d’accord avec le patron, elle choisit pour cela le jour où son neveu Clément devait venir en permission.

Je n’avais jamais vu Clément qui faisait son service militaire dans une garnison assez éloignée de Paris, mais j’en avais souvent entendu parler.

Des petites discussions s’élevaient à son sujet