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Dame-des-Champs. Elle était sûre que je ne priais pas ; puisque j’avais le nez en l’air, mais malgré cela elle n’avait pu réussir à attirer mon attention.

Duretour, qui n’était jamais entrée dans une église, cria :

— Elle attendait qu’un fiancé lui tombe du ciel.

Je répondais peu aux railleries, mais quand Bergeounette eut fini de tourner en ridicule mon air de ne penser à rien, je ne pus m’empêcher de me moquer d’elle à mon tour en disant que je l’avais très bien vue à son arrivée dans l’église, où elle avait changé de place plus de vingt fois en un quart d’heure. Et tandis qu’elle s’étonnait de ma réplique j’en profitais pour ajouter :

— À ce moment-là, vous n’aviez guère le temps de penser à moi, tant vous étiez occupée à vous agenouiller de tout côté.

Duretour, qui avait crié sur moi, cria de même sur Bergeounette :

— Elle jouait à cache-cache avec les anges du paradis.

Le patron s’en mêla aussi :

— Té ! ses prières n’étaient pas plus longues qu’un alléluia, je pense.

L’atelier débordait de rires et Bergeounette se remuait et riait plus fort que tout le monde. Personne ne pensait plus aux fatigues passées ni aux caprices des belles clientes, qui font veiller les ouvrières pour avoir une robe de plus dans l’armoire. Mme  Dalignac elle-même