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de retourner en Algérie pour y travailler jusqu’au printemps.

Après son départ, Églantine reprend ses anciennes habitudes du dimanche. Accompagnée de Marguerite Dupré, elle passe son temps chez la maîtresse d’école à chanter et faire de la musique. Aujourd’hui, dès son arrivée, Mlle Charmes lui a dit :

— Croyez-moi, Églantine, jamais vous n’entrerez comme bru dans la maison des Barray. Tachez de le faire comprendre à Noël.

Églantine la regarde, l’air tranquille, tandis qu’elle ajoute avec plus de force :

— Ni sa mère, ni son frère ne le souffriront. Ces deux-là ne font qu’un par l’entêtement, le mépris des pauvres et l’amour de l’argent. Et ce n’est pas vous, pauvre Douce, qui les ferez changer !

Églantine sourit. Les faire changer ? Elle n’y songe pas. Elle aime Noël, c’est tout. Marguerite Dupré sourit comme elle, tandis que le regard de ses doux yeux bruns s’en va vers la fenêtre d’où l’on voit la maison où travaille et demeure Louis Pied Bot.

Mlle Charmes se met au piano. Elle a sur le visage comme un reflet d’ennui. Les doigts sur le clavier, elle chante à mi-voix :