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I


Depuis son lever, tout comme les autres jours, elle joue avec son chien. Elle joue à courir dans le verger qui entoure la très vieille maison où, par un clair matin de mai, sa venue au monde apporta aux siens l’angoisse, le deuil et un désespoir sans limite.

Aujourd’hui, elle a sept ans et c’est encore un clair matin de mai. Et si la vieille maison reste grise et triste sous les rayons du frais soleil, le verger brille, embaume et jette au vent les mille et une fleurettes qui se séparent, comme à regret, des fruits naissants.

La fillette court pieds nus, tête nue, bras nus, n’ayant pour tout vêtement qu’une souquenille de grosse toile toute rongée par le bas, et dont les accrocs mal recousus menacent de s’ouvrir, au moindre effort. Elle court le long de la haie d’aubépine taillée