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Au petit jour, ainsi que l’avait prévu la femme, le ciel était pur, mais il n’était pas plus pur que le front d’Églantine, ni plus beau que le visage de Noël, tout paré d’amour et d’espoir.

Les jeunes gens ont quitté silencieusement la maison hospitalière, et maintenant, dans le matin tout rafraîchi, ils vont à grands pas sur la terre mouillée. Noël tient si étroitement sa fiancée qu’elle semble faire partie de lui-même. Ni l’un ni l’autre ne parle, leur poitrine respire librement et leur regard se pose en paix sur toute chose. À l’amour violent et profond de Noël se mêle une reconnaissance infinie pour celle qui n’a même pas eu un geste de défense lorsqu’il l’a prise. Pendant un instant, il a pu croire son désir partagé ; mais il a vite compris qu’Églantine n’était pas femme encore. Elle avait donné son corps au premier appel, comme elle avait donné son âme au premier sourire.

Mère Clarisse, inquiète, les attend devant la barrière. Elle les voit venir dans le soleil levant. Un soleil presque blanc, comme recouvert de rosée, et dont les rayons se