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tourbillon de menace et de crainte, le taillis lui-même se courbe et frappe la terre. Il frappe les deux amis aussi, et les chasse vers la maison de la route. Serrés l’un contre l’autre, ils vont face à la tempête, cinglés en plein visage par les éclairs autant que par le vent qui les repousse, et les force d’avancer lentement, cassés en deux.

Ils arrivent enfin ; la femme qui les reçoit rit de les voir si mouillés. Quoiqu’ils soient devenus grands, elle reconnaît bien, dit-elle, le frère et la sœur qui couraient les bois de ce côté, quelques années plus tôt. Elle fait une grande flamme au foyer pour les sécher. Ils prendront bien aussi un peu de lait chaud pour empêcher le froid d’entrer dans leur poitrine. Elle est heureuse de les servir. Ils sont si jeunes. Elle aimerait qu’on fasse de même pour ses propres enfants, s’il leur arrivait pareille aventure. Elle étale et secoue les lourds cheveux d’Églantine. Elle hume le mystérieux parfum qui s’en échappe et s’accentue chaque fois que l’humidité les touche. Toute petite déjà, sa tignasse ébouriffée dégageait ce même parfum, sans que personne ne sache d’où il lui venait, ni à quel autre il s’appareillait.

La grosse pluie ne cesse pas. On dirait