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se répète à intervalles réguliers. Et voilà que, dans son cerveau affaibli, cela prend un son de voix humaine et forme des mots. « Je t’attends, je t’attends. » C’est lui qu’on appelle. Qui donc l’attend ? Il sait qu’il est très malade et qu’il peut mourir de cette maladie. N’a-t-il pas entendu mère Clarisse dire à la petite « à la moindre syncope, fais moi signe. » La mort ne lui fait pas peur, au contraire, là seulement il sera en paix auprès de Jeanne et de Marc qui n’ont pas cessé de vivre profondément en lui. Ce sont eux qui l’appellent, ce sont eux qui l’attendent. Dans sa pensée reconnaissante une louange monte vers Dieu qu’il avait oublié. « Gloire à Celui qui peut tout. » La voix du ramier se rapproche et se fait suppliante :

— Oh ! viens, oh ! viens !

Le malade ne doute plus. C’est Jeanne, si bonne, si dévouée, qui vient le chercher. Elle est là, tout près, si près qu’il ouvre les yeux afin de voir le cher fantôme. Mais ce n’est pas Jeanne qu’il voit, c’est Églantine, Églantine qui lui tourne le dos maintenant, quoique toujours debout devant la fenêtre. Elle soulève du coude le rideau, tandis que sa tête aux lourds cheveux fait doucement : « Non, non, non, non. » À qui donc fait-elle