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de-là que l’enfant avait ramassé ce petit chien qui tenait tout entier dans ses menottes de cinq ans, et qu’elle serrait fortement contre elle, prête à pleurer si on le lui enlevait. Et mère Clarisse, toute à sa désolation, avait seulement dit :

— Garde-le, va ! Ce sera ton petit frère, puisque, comme toi, il n’a ni père ni mère.

Églantine n’avait rien oublié de son retour au Verger. Elle revoyait ce petit chien, rond comme une boule de soie noire, qui gémissait d’une voix si fluette qu’on l’entendait à peine, et qui lui suçait les doigts, le nez, le menton et tout ce qu’il pouvait attraper d’elle. Tout le jour elle l’avait gardé dans la poche de son tablier, lui parlant et le caressant. Puis, la nuit tombée, une grande chienne était entrée dans la maison. Elle avait flairé le petit par tout le corps, et, du bout des dents, l’avait enlevé aux mains de Douce pour l’allaiter. Elle était revenue le lendemain et beaucoup d’autres jours encore. « Ouste ! Ouste ! » faisait le père Lumière pour la chasser, mais elle entrait quand même, et elle allait droit à Douce qui lui donnait aussitôt le petit chien. Brusquement elle cessa de venir et la petite boule noire recommença de gémir. Douce, alors, eut