Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fort les autres. C’était elle aussi qui apprenait aux petites les chansonnettes de classe. Mlle Charmes écoutait cette voix de fillette, qu’elle ne pouvait comparer à aucune autre, et s’en réjouissait.

Noël, qui continuait de rapporter les propos de la maîtresse, disait :

— Elle n’en revient pas ! Elle dit qu’à vingt ans, tu auras la plus jolie voix de France.

L’hiver était moins rude maintenant pour Églantine Lumière. Vêtue de laine tricotée par mère Clarisse, et ses sabots bien bourrés de paille fraîche, elle pouvait faire le trajet de l’école par tous les temps sans trop souffrir du froid. Et puis, sur la route, c’était à son tour de défendre les petites. Une pitié sans limite la retenait partout où il y avait du secours à donner. Sa pitié s’étendait aux bêtes. Tant que durait la neige, elle emportait des graines plein ses poches, et les jetait aux oiseaux qui se trouvaient sur son passage. Une bonne partie de son pain y passait de même. Il arrivait qu’au repas de midi elle n’en retrouvait plus dans son panier, et qu’il lui fallait manger son fricot tout seul.

Mère Clarisse, en apprenant cela, avait ajouté un autre morceau de pain au fond