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quait de ses craintes. Il en était de même pour l’étang autour duquel ils s’amusaient à courir. Rien ne pouvait empêcher Douce de se tenir très au bord. Un jour qu’elle avait buté contre une grosse racine, Noël avait poussé un cri en la saisissant au bras. Et mère Clarisse, tout de suite debout, avait entendu :

— Prends garde ! tu pourrais te noyer.

— Mais non ! s’il m’arrive de tomber à l’eau je nagerai.

— Tu ne sais pas nager !

— Oh ! ce n’est pas difficile, il n’y a qu’à remuer les bras et les jambes.

Ce fut au tour de Noël de rire et de se moquer. Elle le laissait rire. Elle était tellement sûre de ce qu’elle disait ! Rien ne lui paraissait impossible. Il lui semblait même qu’elle pourrait voler et planer aussi facilement que ces grands oiseaux dont les ailes lourdes se soulevaient et s’abaissaient lentement et sans bruit.

Elle ne tarda pas, du reste à savoir nager aussi bien que le garçon, quoiqu’elle ne voulut jamais se mettre à plat sur l’eau ainsi qu’il le lui conseillait.

— Je n’aime pas que l’eau vienne jusqu’à ma bouche, disait-elle.

Une après-midi que le père s’attardait à