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ses longs trala-la-la-la avaient la cadence d’un solide attelage marchant au pas, et faisant sonner ses grelots sur la route.

Lorsqu’il se trouvait seul avec Douce, il n’oubliait pas de lui parler de Mlle Charmes :

— Quand elle vient chez nous, elle a toujours quelque chose à dire de toi ! Elle t’aime, maintenant, tu sais ? Hier elle a dit que c’était bien ennuyeux que tu ne saches pas te défendre, parce que les gens qui ne se défendent pas sont toujours malheureux dans la vie !

Douce riait, sans souci de ce que pouvait dire d’elle sa maîtresse. Elle lui savait gré seulement de ne plus l’appeler gnangnan, et de l’avoir séparée de Juliette Force. Auprès de Noël, elle ne pensait qu’au jeu. Agile et légère, elle ne connaissait pas la fatigue. Par contre, elle était imprudente au delà de tout. On eût dit que le danger n’existait pas pour elle. Deux fois déjà, elle s’était engagée dans des fondrières d’où elle ne serait peut-être pas sortie sans le secours de son camarade. Il lui arrivait de grimper à des peupliers si hauts que le garçon tremblait pour elle, et la suppliait de descendre au plus vite. Elle descendait pour ne pas le contrarier ; mais toujours elle se mo-