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ger et commença de marcher en arrière comme en avant. Elle allait, le corps bien droit, les bras en balancier, ses pieds se posant rapides l’un devant l’autre, évitant adroitement les trous noirs des encriers.

Ce fut ainsi que Mlle Charmes l’aperçut. La surprise autant que la crainte d’effrayer l’enfant, la retint dans l’ouverture de la porte. Elle la vit encore, les poings aux hanches, tourner comme une toupie sur l’étroit espace, avec des sauts en hauteur, ne touchant la table que de l’extrême pointe de ses pieds.

L’étonnement de l’institutrice était si grand qu’elle dit sans le vouloir :

— Oh ! Cette gnangnan !

Douce l’entendit. D’un saut léger, elle fut à terre, chercha ses sabots, s’assit sur le banc et attendit une nouvelle punition.

Il n’y eut pas de nouvelle punition. La maîtresse s’assit elle-même sur le banc et dit sans colère :

— Pourquoi ne veux-tu pas apprendre à lire ?

Douce hésita, baissa la tête et répondit :

— Je ne sais pas.

Mlle Charmes lui prit la main, défit le poignet du tablier, releva la manche au-dessus du coude où se voyaient des taches