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II


Douce ne devait plus jamais sauter la grille. L’automne, avec ses brouillards et ses pluies, l’hiver, avec sa neige et ses gelées, séparèrent les deux enfants plus sûrement encore que la présence constante au verger du père Lumière.

Qu’il était dur, ce premier hiver à l’école, pour la petite Églantine ! Comme elle souffrait du froid aux pieds pendant les heures de classe, et les gronderies répétées de la maîtresse qui, pour lui faire honte de son peu d’application, la laissait seule sur le dernier banc. Jusqu’à son joli nom d’Églantine qu’on avait changé en celui de gnangnan. Et les bourrades de ses compagnes, qui reprenaient les mots de Mlle Charmes pendant le jeu ! « Tu sautes comme une oie ». Et, pendant l’étude, les pincements sournois de Juliette Force, une grande de dix ans, chargée d’apprendre l’alphabet