Comme si Christine entendait cette pensée, elle dit avec effort :
— Son père n’est plus.
Le sursaut qui échappe à Églantine lui rend la parole pour demander :
— Tu l’aimais ?
Christine fait une petite moue avant de répondre :
— Il était très malheureux.
Dans le don qu’elle avait fait d’elle-même, Christine s’était dévouée, Églantine le voyait bien. Une pitié intense la retient penchée sur le lit, malgré le geste du médecin qui vient d’entrer dans la chambre et lui fait signe de s’éloigner.
Elle s’éloigne, mais elle ne veut pas quitter la Maternité avant la naissance de l’enfant. Elle attendra cette naissance dans le couloir, là, tout près, adossée au mur pour tenir moins de place. Une intuition, comme elle en a souvent, lui dit qu’elle ne verra jamais cet enfant ; mais elle ne veut pas y croire. Elle s’efforce au contraire d’imaginer ce que sera le petit de Christine, un petit qui sera autant à elle qu’à sa jeune maman. Elle attend. Le lourd silence qui se fait dans la pièce, à côté, l’étourdit ainsi qu’un bruit trop violent. Ses jambes fléchissent, et son cœur lui fait mal, mal